Energie: les entreprises dans le piège de la flambée des cours
Découvrez l’article du 23 septembre 2021 paru dans le journal Le Figaro. Un article dans lequel Charlie EVRARD, Président de Mon courtier énergie, nous fait part de son expertise.
Voir l’article en ligne : Energie: les entreprises dans le piège de la flambée des cours
Lire l’article :
« Energie : les entreprises dans le piège de la flambée des cours
Pour les entreprises électro-intensives, comme les producteurs d’aluminium (ci-contre), de chlore, ferro-alliage ou acier, la hausse du prix de l’électricité va avoir de lourdes conséquences financières.
Pavel Losevsky – stock.adobe.com
Les situations sont contrastées entre les PME qui n’ont pas toujours anticipé et les grandes entreprises qui se couvrent contre les risques de marché.
Ces dernières semaines, tout le monde a la main qui tremble dans le secteur de l’énergie. « Les marchés du gaz et de l’électricité sont en train de devenir fous, nous n’avons jamais vu de telles hausses et de tels niveaux de prix », témoigne Julien Teddé, cofondateur du courtier Opéra Énergie. Les prix de l’électricité dépassent les 140 euros sur le marché de gros, soit trois à quatre fois le niveau habituel en cette saison cruciale pour les fournisseurs et les entreprises. C’est en effet l’époque des renouvellements de contrats pour l’année suivante. « Chez certains, c’est la panique, témoigne Charlie Evrard, patron de Mon courtier énergie. « Beaucoup de clients n’ont pas encore signé leur contrat d’électricité pour 2022. » Le contexte de marché ne pouvait donc être pire. Les fournisseurs proposent aux entreprises interloquées des tarifs en hausse de 30 % pour l’année prochaine.
Certes, de nombreuses sociétés se couvrent contre les variations de prix de l’énergie. « En moyenne, en France, le quart de la consommation d’électricité des entreprises est soumis à la flambée des cours de cette énergie, et presque la moitié de celle de gaz, observe Frank Roubanovitch, président du Cleee, association de grands consommateurs d’électricité. Mais les situations sont contrastées entre les PME qui n’ont pas forcément anticipé et les grandes entreprises qui se couvrent traditionnellement contre les risques de marché. En somme, plus vous êtes gros, moins vous êtes impacté. »
Il est difficile pour nos adhérents de se lancer dans des investissements, notamment pour décarboner, avec une telle volatilité du prix de l’énergie. Nicolas de Warren, le président de l’Uniden
Reste une catégorie d’entreprises particulièrement touchée : les électro-intensifs. Pour ces producteurs d’aluminium, de chlore, ferro-alliage ou acier, regroupés au sein d’une association dénommée Uniden, la hausse du prix de l’électricité va avoir de lourdes conséquences financières. « Elles sont couvertes à hauteur de 70 à 80 %, grâce à l’utilisation du prix fixé par l’Arenh (prix régulé du nucléaire, NDLR) et d’un contrat d’approvisionnement à long terme qu’elles ont passé avec EDF en 2010 », explique Nicolas de Warren, le président de l’Uniden. Mais les 20 % de leur consommation qui ne sont pas couverts, suffisent à leur coûter très cher. « Nous évaluons ce coût supplémentaire à 1 milliard d’euros en année pleine », s’alarme Nicolas de Warren. Cette charge, qui commence à passer dans les comptes des entreprises, aura surtout un impact l’an prochain. Ce qui ne sera pas sans conséquence. « Il est difficile pour nos adhérents de se lancer dans des investissements, notamment pour décarboner, avec une telle volatilité du prix de l’énergie. », détaille le patron de l’Uniden.
Boucler le budget 2022
Pour faire dégonfler les prix, les grandes entreprises ont demandé à l’État d’augmenter les volumes d’électricité d’origine nucléaire qu’EDF doit vendre à 42 euros à ses concurrents, les fournisseurs alternatifs. Cet afflux d’électricité peu chère ferait mécaniquement descendre les tarifs proposés aux clients. Le gouvernement y a opposé une fin de non-recevoir. Il met en avant qu’il doit notifier pour cela la Commission européenne, et que celle-ci refuserait. Reste l’outil des baisses de taxes sur l’électricité. Mais le ministère des Finances y est fermement opposé, alors qu’il peine déjà à boucler le budget 2022 de l’État. »