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Post ARENH : quel sera le marché après l’ARENH ?

Le mécanisme de l’Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique (ARENH), qui permet aux fournisseurs alternatifs d’accéder à l’électricité nucléaire produite par EDF à un prix régulé, arrivera à son terme le 31 décembre 2025. Le futur de ce dispositif, instauré par la loi NOME en 2011, suscite de nombreuses interrogations. Quel sera le fonctionnement du marché de l’électricité après sa fin annoncée ?

Lors de notre dernier webinar organisé le 26 septembre, Matthieu Denis, Responsable Pricing chez Mon courtier énergie, et Dimitry Louis, Analyste Pricing, sont revenus sur les principes de ce mécanisme et ses risques, tout en expliquant les perspectives du secteur de l’électricité pour l’année 2025 mais aussi à partir de 2026.

 

Rappel des informations sur le mécanisme de l’ARENH

Tout comprendre sur l’ARENH

Matthieu Denis, notre Responsable Pricing présente ce mécanisme comme : « L’objectif du mécanisme ARENH est de permettre aux fournisseurs alternatifs de disposer d’un volume de production électrique nucléaire à un tarif préférentiel. Et le volume alloué représente théoriquement 25% de la production d’EDF annuelle. »

En effet, l’ARENH vise à promouvoir la concurrence sur le marché de l’électricité en permettant aux fournisseurs alternatifs de bénéficier d’une part de la production nucléaire d’EDF à un tarif fixe de 42 €/MWh (ce prix est fixé depuis 2012, en 2011 il était de 40 €/MWh). Ce dispositif repose sur un volume maximum de 100 TWh par an, qui a longtemps suffi aux besoins du marché. Cependant, comme l’a souligné Matthieu Denis : « En 2023, les prix ont été revus à la hausse en raison de la crise de l’énergie ».

Ce mécanisme ARENH était donc intéressant pour les fournisseurs alternatifs car il leur a permis d’obtenir un prix d’électricité en dessous des prix de marché de gros. Toutefois, sur les dernières années, la demande ARENH a dépassé le plafond de 100 TWh par an, ce qui a conduit à un système de recalcul, l’écrêtement, rendant l’électricité plus chère pour les consommateurs.

Ainsi, l’évolution du prix de marché et l’augmentation des parts de marchés des fournisseurs alternatifs ont fait que la demande a été supérieure au plafond ARENH.

Aussi, tous les fournisseurs n’ont pas pu bénéficier de 100% des droits ARENH pour leurs clients. Par conséquent, le prix de rachat était nettement plus élevé et il y a eu un véritable impact sur la facture des consommateurs.

L’ARENH : un mécanisme qui comporte des risques

Bien que l’ARENH offre une certaine sécurité aux fournisseurs, permette de réduire les coûts pour les consommateurs et assure à EDF une rémunération stable à long terme, ce mécanisme présente plusieurs limites.

En effet, les conditions des offres ARENH peuvent évoluer selon trois principaux facteurs :

  • une possible variation du prix auquel l’électricité est vendue aux fournisseurs alternatifs,
  • un dépassement du plafond des 100 TWh,
  • et une éventuelle révision du calcul des droits d’ARENH.

Dimitry Louis, notre analyste pricing, explique : « Ces six dernières années, le plafond des 100 TWh a été systématiquement dépassé, ce qui crée un risque majeur : l’écrêtement. » Pour rappel, l’écrêtement se traduit par une réduction des volumes d’électricité distribués à prix régulé lorsque la demande dépasse le seuil fixé, contraignant ainsi les fournisseurs à acheter le reste de leur électricité sur le marché, souvent à un coût plus élevé.

Comme l’illustre le graphique ci-dessous, entre 2012 et 2018, la demande d’ARENH n’a jamais franchi ce plafond. Toutefois, dès 2019, le seuil des 100 TWh a été dépassé, entraînant un premier écrêtement. Cet écrêtement est resté limité cette année-là, en raison de la proximité des prix de marché avec ceux de l’ARENH. Cependant, dès 2020, les écrêtements ont gagné en ampleur, aggravant leurs effets.

L’année 2022 a marqué un pic en termes d’impact, avec un écrêtement particulièrement important. Dans notre webinar, Dimitry Louis informe sur ce sujet : « En 2022, l’écrêtement a pu ajouter en moyenne 100 €/MWh sur les factures des consommateurs. »

Pour l’année 2024, bien que le graphique semble indiquer une baisse de la demande ARENH par rapport aux deux années précédentes, il est nécessaire de nuancer. Cette diminution apparente est en réalité liée à une modification du coefficient de bouclage. La demande réelle, elle, est restée stable. « En 2024, la demande ARENH est similaire à celle de 2023 », précise Dimitry Louis, confirmant ainsi que les fournisseurs continuent de solliciter des volumes comparables.

L’ARENH en 2025 : à quoi s’attendre pour l’année prochaine ?

Le mécanisme de l’ARENH reste en vigueur pour l’année 2025, soulignant plusieurs enjeux importants, selon nos deux experts.

Tout d’abord il y a eu une baisse des parts de marché d’EDF et donc une augmentation significative des parts de marché des fournisseurs alternatifs. Aussi, le prix du marché de gros pour l’année 2025 demeure nettement supérieure à celui de l’ARENH. En effet, le produit calendaire 2025 pour l’électricité de base (« baseload ») se négocie autour de 70€/MWh, bien au-delà des 42€/MWh fixés pour l’ARENH. Cette situation laisse présager une demande ARENH largement supérieure à l’offre et, de ce fait, un écrêtement. C’est-à-dire qu’une répartition limitée des volumes semble probable, d’autant plus que la baisse de la part de marché d’EDF réduit les capacités disponibles.

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À savoir

Il est important de rappeler que l’ARENH, conçu comme un outil réglementaire imposé à EDF, crée des contraintes significatives pour l’énergéticien. Les fournisseurs alternatifs ont la possibilité d’acheter une partie de la production nucléaire d’EDF à un prix fixé à 42€/MWh, un tarif qui ne reflète pas nécessairement les coûts réels de production, et pour lequel aucune méthode de calcul précise n’existe. Les fournisseurs disposent d’un délai jusqu’au 15 novembre pour soumettre leurs demandes auprès de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Cette absence de transparence sur la fixation du prix ARENH et le manque de visibilité sur les volumes demandés compliquent la gestion du parc nucléaire d’EDF.

 

Le mécanisme post ARENH :

Quel sera le nouveau fonctionnement post ARENH ?

Avec la fin du mécanisme ARENH annoncée, les grandes lignes du futur dispositif destiné à encadrer le marché de l’électricité nucléaire en France commencent à se dessiner. Il y a plusieurs objectifs :

  • Assurer des prix compétitifs et stables pour protéger les consommateurs et renforcer la compétitivité industrielle.
  • Préserver l’intérêt d’EDF, en garantissant des investissements viables dans le parc nucléaire actuel et futur.
  • Inciter EDF à augmenter sa production pour retrouver ses niveaux historiques.

Sur ces objectifs, nos experts Matthieu Denis et Dimitry Louis ont présenté les différentes hypothèses qui avaient été mises en avant pour l’élaboration d’un mécanisme post-ARENH :

  • Le corridor de prix (proposé entre 2020 et 2022) : ce modèle proposait une approche flexible avec un plafond oscillant autour de 42 €/MWh, un niveau proche de celui de l’ARENH actuel. EDF aurait la possibilité de vendre l’intégralité de sa production sur le marché de gros, avec des prix encadrés dans une fourchette comprise entre 6 et 15 €. En cas de prix de vente supérieur à ce plafond, EDF aurait reversé une partie de ses gains ; en cas de prix inférieur au plancher, une compensation était envisagée.
  • Le contrat pour différence (avancé en octobre 2023) : dans cette proposition, l’État s’engageait à compenser EDF si les prix du marché devenaient trop bas. En retour, EDF devait reverser une part de ses revenus si les prix dépassaient un certain seuil. Ce dispositif offrait un « tunnel » plus large que celui du corridor de prix, mais reposait sur des mécanismes similaires.
  • Le plafonnement de prix (décision de novembre 2023) : suite aux échanges entre Bercy et EDF, cette hypothèse a pris le dessus. Ici, EDF vendrait toute sa production nucléaire sur le marché, mais avec un plafond de prix fixé à 70 €/MWh, considéré comme le « juste prix » de production. Au-delà de cette limite, EDF devra reverser une partie de ses revenus excédentaires. Contrairement aux scénarios précédents, il n’y a pas de plancher, mais un prix maximum à respecter.

Les limites de la proposition à date

Si le dernier mécanisme semble apporter de la stabilité mais suscite encore des interrogations (le Sénat est revenu sur les éléments défini entre l’Etat et EDF en juillet 2024), des points restent à clarifier :

  • le calendrier des redistributions financières d’EDF ;
  • les modalités de calcul des reversements ;
  • la prévisibilité budgétaire pour les consommateurs ;
  • la gestion d’un scénario de baisse des prix sous le coût de production d’EDF.

Dimitry Louis souligne : « Avec ce nouveau mécanisme, 100 % des volumes seront disponibles sur le marché de gros. Il n’y aura plus de risque d’écrêtement, et les prix actuels du marché montrent une tendance à la baisse depuis ce début d’année 2024. Les consommateurs auront ainsi plus de visibilité avec un prix plafond garanti. » Matthieu Denis ajoute : « Nous revenons à des niveaux de marché avant-crise. Il est possible dès aujourd’hui de sécuriser les prix pour 2027, offrant des conditions favorables à la continuité des activités économiques. »

Ainsi, ce mécanisme pourrait garantir une plus grande stabilité aux acteurs du marché et aux consommateurs.

Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver notre replay en intégralité. En toute fin de présentation, Matthieu Denis et Dimitry Louis ont répondu à une série de questions posées. Informez-vous dès maintenant sur l’ARENH en 2025 et le futur mécanisme :